La fonction de grand domestique (en grec μέγας δομέστικος, mégas doméstikos) est une fonction militaire élevée dans l'Empire byzantin du XIe au XVe siècle, désignant le commandant en chef de l'armée byzantine, directement sous l'empereur. Elle évolue à partir de la précédente fonction, celle de domestique des Scholes, et finit par se classer parmi les dignités byzantines les plus élevées. Elle est par ailleurs adoptée par l'empire de Trébizonde.
Histoire
Le titre de grand domestique apparaît pour la première fois au IXe siècle et dérive très probablement de celui de domestikos tōn scholōn (domestique des Scholes), avec addition de l'épithète megas pour souligner l'autorité suprême de son titulaire, suivant la pratique contemporaine attestée également pour d'autres titres. Les deux titres semblent coexister pendant un certain temps, avec « grand domestique » en variante exaltée du titre « domestique d'Orient / Occident », jusqu'au XIe siècle quand le premier se distingue et remplace le second pour désigner le commandant en chef. On trouve encore toutefois dans certaines sources un « grand domestique des Scholes » ou « de l'armée », ce qui crée une certaine confusion quant à savoir auquel des deux il est fait référence,. Pendant la plupart de la période à laquelle il est utilisé, il est par nature conféré à une seule personne. Cependant, la mention de « grands domestiques d'Orient / Occident » à la fin du XIIe siècle pourrait indiquer la résurgence de l'usage bien établi (comme pour le domestique des Scholes) consistant à diviser le commandement suprême entre Orient (Asie Mineure) et Occident (Balkans) ; par ailleurs, à la fin du XIVe siècle plusieurs personnes semblent le détenir simultanément, peut-être de manière collégiale,.
Après la quatrième croisade, le titre semble être utilisé dans l'Empire latin et les autres États latins fondés en territoire byzantin comme équivalent grec de celui de « [grand] sénéchal ». Sous les Paléologue, le grand domestique est sans rival, si ce n'est l'empereur lorsqu'il mène l'armée en personne, auquel cas le premier remplit un rôle similaire à celui de chef de camp. Malgré sa nature purement militaire, le titre est aussi accordé à titre honorifique à des généraux et courtisans de haut rang, comme à Georges Muzalon ou au prince d'Achaïe Guillaume II de Villehardouin.
Son rang dans la hiérarchie de cour varie. Sous les Comnène, il suit directement les titres « impériaux » de Caesar, sebastokratōr et despotēs. Au XIIIe siècle, il s'élève ou descend selon le désir des empereurs d'honorer son titulaire, mais figure habituellement au septième rang, après le prōtovestiarios et le megas stratopedarchēs. Ce n'est qu'avec son octroi à Jean Cantacuzène dans les années 1320 qu'il se rétablit fermement comme le plus haut des titres non-impériaux, au quatrième rang. À toutes les époques, il est néanmoins considéré comme l'une des positions les plus importantes et les plus prestigieuses, et il est accordé soit à des membres de la dynastie régnante, soit à des parents proches du petit cercle de familles liées au clan impérial. Comme toutes les fonctions byzantines, celle de grand domestique n'est ni héréditaire ni transférable, et son octroi relève du seul empereur régnant. Enfin, selon le De Officiis du pseudo-Kodinos (milieu du XIVe siècle), certaines fonctions cérémoniales lui sont attachées,.
Le pseudo-Kodinos énumère par ailleurs ses insignes : un turban rouge et doré, avec un voile des mêmes couleurs en damier, ou un skaranikon des mêmes couleurs, bordé de perles et avec portrait de l'empereur couronné et flanqué d'anges, dans un cercle de perles à l'avant ; une riche tunique de soie, le kabbadion (en), tressée d'or ; un bâton dikanikion orné d'une alternance d'anneaux en or massif et en or tressé d'argent.
Titulaires
Empire byzantin
Empire de Trébizonde
Notes et références
- (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Grand Domestic » (voir la liste des auteurs).
Bibliographie
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- Rodolphe Guilland, « Le grand domestique », dans Rodolphe Guilland (dir.), Recherches sur les institutions byzantines, t. I, Berlin, Akademie-Verlag, , p. 405–425.
- Rodolphe Guilland, « Le domestique des Scholes », dans Rodolphe Guilland (dir.), Recherches sur les institutions byzantines, t. I, Berlin, Akademie-Verlag, , p. 426–468.
- (en) John F. Haldon, Warfare, State and Society in the Byzantine World, 565-1204, Londres, University College London Press (Taylor & Francis Group), , 389 p. (ISBN 1-85728-495-X, lire en ligne).
- (en) Alexander Kazhdan (dir.), Oxford Dictionary of Byzantium, New York et Oxford, Oxford University Press, , 1re éd., 3 tom. (ISBN 978-0-19-504652-6 et 0-19-504652-8, LCCN 90023208).
- (en) Ruth Macrides (trad. du grec ancien), George Akropolites : The History – Introduction, Translation and Commentary, Oxford, Oxford University Press, , 440 p. (ISBN 978-0-19-921067-1, lire en ligne).
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- (en) Filip Van Tricht (trad. du néerlandais de Belgique), The Latin "Renovatio" of Byzantium : the Empire of Constantinople (1204-1228), Leiden, Brill, , 535 p. (ISBN 978-90-04-20323-5, lire en ligne).
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